Âme brisée, un roman d’Akira Mizubayashi

Parmi les nombreux romans de la rentrée littéraire, je vous conseille ce dernier roman d’Akira Mizubayashi, un roman sur la musique, sur la transmission, sur la guerre, sur la fidélité des origines, sur l’amitié. Et ça se passe (un peu) à Mirecourt…

“Tokyo, 1938. Quatre musiciens amateurs passionnés de musique classique occidentale se réunissent régulièrement au Centre culturel pour répéter. Autour du Japonais Yu, professeur d’anglais, trois étudiants chinois, Yanfen, Cheng et Kang, restés au Japon, malgré la guerre dans laquelle la politique expansionniste de l’Empire est en train de plonger l’Asie.
Un jour, la répétition est brutalement interrompue par l’irruption de soldats. Le violon de Yu est brisé par un militaire, le quatuor sino-japonais est embarqué, soupçonné de comploter contre le pays. Dissimulé dans une armoire, Rei, le fils de Yu, onze ans, a assisté à la scène. Il ne reverra jamais plus son père… L’enfant échappe à la violence des militaires grâce au lieutenant Kurokami qui, loin de le dénoncer lorsqu’il le découvre dans sa cachette, lui confie le violon détruit. Cet événement constitue pour Rei la blessure première qui marquera toute sa vie…
Dans ce roman au charme délicat, Akira Mizubayashi explore la question du souvenir, du déracinement et du deuil impossible. On y retrouve les thèmes chers à l’auteur d’Une langue venue d’ailleurs : la littérature et la musique, deux formes de l’art qui, s’approfondissant au fil du temps jusqu’à devenir la matière même de la vie, défient la mort.” [Gallimard]

Deux expositions à visiter…

Deux expositions concernant le monde de l’opéra viennent de s’ouvrir ; elles feront d’excellentes destinations pour vos vacances d’été…

La première, la plus proche, vient de s’ouvrir au Centre Pompidou-Metz (du 22 juin 2019 au 27 janvier 2020), Opéra Monde. La quête d’un art total “témoigne de la rencontre entre les arts visuels et l’opéra aux XXe et XXIe siècles. Plus qu’une exposition consacrée aux scénographies d’opéra réalisées par des artistes, elle entend mettre en lumière, en résonance, ou au contraire en tension avec l’héritage du Gesamtkunstwerk (concept d’œuvre d’art totale) wagnérien, comment les arts visuels et le genre lyrique se sont nourris mutuellement, et parfois même influencés de manière radicale. Dans ce mouvement de va-et-vient, l’opéra sert ainsi de terrain fertile d’expérimentations et de ferment pour de nouvelles sensibilités esthétiques et politiques.”

[Si vous visitez cette exposition, profitez-en pour visiter, à l’étage en-dessous, celle consacrée à la magnifique artiste allemande Rebecca Horn, Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses].

La seconde, Habiller l’opéra, costumes et ateliers de l’Opéra de Paris, se tient au Centre national du costume de scène à Moulins (du 23 mai au 3 novembre 2019). À l’occasion du 350e anniversaire de l’Opéra de Paris, célébré en 2019, le CNCS présente une exposition sur l’histoire du costume dans ce théâtre depuis l’ouverture du Palais Garnier jusqu’à nos jours.
“Ce vaste panorama s’articule autour des grands courants esthétiques dans ce domaine scénique au cours des XXe et  XXIe siècles. Il est illustré d’une sélection d’une centaine de costumes et de toiles de décor, conservés dans les collections du CNCS ou encore au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille, évoquant la création lyrique et chorégraphique ainsi que les grands succès du répertoire. La créativité des costumiers qui ont incarné ces évolutions, le savoir-faire des ateliers de couture qui les ont accompagnées, tout comme les directeurs du théâtre qui ont programmé les spectacles et choisi les équipes artistiques, sont évoqués dans cette grande fresque scénique.”

L’opéra peut-il être pop(ulaire) ?

Partant d’une anecdote, la reprise en live de la Habanera de Carmen par le leader du groupe Nirvana, Kurt Cobain, Simon Hatab se demande sur cette page REGARDS du site de l’Opéra de Paris si la scission entre l’opéra et la musique pop est aussi définitive qu’on voudrait nous le faire croire. Il a posé la question à Agnès Gayraud, philosophe et musicienne sous le nom La Féline, qui a signé sur le sujet un essai passionnant – Dialectique de la pop, paru aux éditions La Découverte.

Olivier Py et les arts plastiques

Olivier Py, auteur, acteur, chanteur, metteur en scène de théâtre et d’opéra, est aujourd’hui le directeur du Festival d’Avignon. Rappelons qu’il a commencé sa carrière de metteur en scène d’opéra en mettant en scène le Freischütz de Weber en 1999 à Nancy. Le site ForumOpera.com nous propose ici une vidéo où Olivier Py nous parle de dix œuvres dans l’histoire de l’art qui l’ont influencé d’une manière ou d’une autre.

En complément, lisez la grande biographie de Timothée Picard, Olivier Py, Planches de salut, éditée chez Actes Sud en 2018.

Le concerto pour la main gauche de Maurice Ravel

Si vous n’êtes pas allé hier soir jeudi 16 mai au concert Salle Poirel, vous avez raté la splendide interprétation du concerto pour la main gauche de Maurice Ravel par Bertrand Chamayou et l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy dirigé par Pierre Bleuse. Mais vous pouvez encore vous rattraper ce soir… Vous constaterez que Bertrand Chamayou pose sa main droite inactive sur le haut du piano alors que la plupart des pianistes la placent sur le bord droit du tabouret. Je vous signale ici sur YouTube une interprétation singulière de la pianiste Yuja Wang (et l’Orchestre de l’Académie Sainte Cécile de Rome, dirigé par Lionel Bringuier) :  Yuja Wang utilise un iPad Pro pour lire la partition ; du coup sa main droite lui sert pour « tourner les pages ».