Nous n’irons pas à l’Opéra

Bonjour à tous,

Nous ne nous retrouverons donc pas pour le Ballet royal de la nuit la semaine prochaine, un des spectacles de notre saison qui pourtant devait nous aider à transfigurer la nuit.

Il semblerait bien que l’on nous encourage plutôt à préférer aux salles de spectacle les trains et les métros bondés, ou encore ces hauts lieux de la consommation que sont les grandes surfaces de tout type avec leurs bousculades dans les rayons et leurs longues files de queue aux caisses…Dans ces lieux, nous sommes sans doute à l’abri du virus…

En lisant ce matin l’article de Télérama que Fabienne Pascaud a rédigé en réaction à la décision prise hier de reporter l’ouverture des salles de spectacles à la première semaine de janvier, (article que vous trouverez en intégralité sur le Facebook de Des’lices d’Opéra), j’ai été particulièrement sensible à ce passage qui décrit très bien ce que vit actuellement l’ensemble de l’équipe de notre maison d’Opéra.

“Depuis le début de la pandémie, les hommes et femmes de l’art s’épuisent à gravir les montagnes russes que le gouvernement leur impose, suggérant des ouvertures possibles des lieux puis les annulant, instaurant un « stop and go » infernal qui les oblige à se préparer et in extremis renoncer, croire et ne plus espérer. Films et spectacles arrêtés, expositions repoussées : comment ne pas avoir l’impression de ne compter pour rien, de ne servir à rien, variable d’ajustement parmi d’autres”.

Cette équipe de l’Opéra national de Lorraine, nous ne la rencontrerons pas pour les fêtes, nous ne croiserons pas les visages connus, n’échangerons aucune parole, aucun sourire avec le personnel de salle, la technique, la sécurité, les artistes, musiciens d’orchestre, choeurs, chanteurs….l’équipe de direction, nous ne pourrons pas les remercier pour leur engagement sans faille et nous réjouir avec eux de la qualité du spectacle. Ils nous manqueront et nous leur manquerons.

 
 
Mô FRUMHOLZ

Le Barbier de Séville

A défaut de ne pas pouvoir le voir interpréter le Comte Almaviva dans le Barbier de Séville ce mois-ci à Nancy, nous vous proposons de rencontrer Francisco Brito dans une interview « intercontinentale ». Comment se passe le confinement quand on est chanteur lyrique ? Quelles sont les conséquences de cette pandémie sur le métier de chanteur ? Direction l’Argentine, où Francisco Brito a gentiment accepté de répondre à nos questions.           
Un immense merci à lui, ainsi qu’à Gustavo Vergara pour la réalisation du montage vidéo.

Claudia Artzer

Nuit de la Lecture

Venez participer à la Nuit de la Lecture sur le Campus Lettres & Sciences Humaines de Nancy le 18 janvier 2020 de 10h à 19h. L’entrée est libre.
Cette 4e édition de la Nuit de la Lecture a cette année pour ligne de fond la musique comme support à l’écriture, à la lecture et à la déclamation
Expositionateliersrencontreslecturesthéâtremusique instrumentalechorégraphie et concert électronique témoignent de la variation d’[écritures/lectures]. 
Étudiants, enseignants et conférenciers de l’Université de Lorraine et de l’Opéra national de Lorraine ont le plaisir de vous accueillir à cet événement

Disparition d’Eva Kleinitz, directrice de l’Opéra national du Rhin

Eva Kleinitz, la directrice générale de l’Opéra national du Rhin vient de disparaitre. Nous reproduisons ci-dessous le témoignage que Camille de Rijck, le fondateur de Forumopera, a posté sur son blog Via Gambardella.

Inoubliable Eva Kleinitz

“Mon Dieu, comme Eva était belle ! Une beauté franche, riante, sincère et grave. La vraie beauté. Celle qui a priori ne s’efface jamais et qu’on porte encore dans ses vieux jours.

D’autres que moi – qui la connurent plus intimement – diront quelle femme exceptionnelle elle était. Mais il n’y a pas de mal à joindre ma voix à la leur.

Eva est arrivée à La Monnaie en même temps que Peter de Caluwe qui l’avait chipée aux équipes du festival de Bregenz. Il lui offrit les fulgurances de la modernité bruxelloise en échange de cette grande scène plantée sur l’eau et destinée aux milliardaires Suisses. Elle n’hésita pas longtemps.

Avec Peter ; avec Bernard Coûtant et Christian Longchamp ils formèrent une dream team comme l’univers de l’opéra en connut peu. Pendant un temps, tout le monde se rua à Bruxelles. La Monnaie devint Opera House of the year aux yeux du magazine Opernwelt et parvint à s’inscrire dans l’impossible succession de Bernard Foccroulle et de Gérard Mortier.

Eva resta six ans à La Monnaie. Elle accepta ensuite le poste de directrice à l’opéra de Stuttgart et candidata enfin à l’Opéra National du Rhin où elle fut accueillie en Messie. Dire qu’elle laissa partout derrière elle l’image d’une professionnelle qui ne sacrifiait jamais ses équipes sur l’autel de son zèle est un doux euphémisme.

Quand il fut question de remplacer le débonnaire Stéphane Lissner a l’Opera de Paris, contrairement à certains de ses collègues qui louvoyèrent et se perdirent en « peut-être que… », Eva fut implacable et confirma qu’elle ne s’était pas embarquée à Strasbourg légèrement. Ses premières saisons furent un enchaînement de réussites.

Seuls ceux qui la croisèrent pourront témoigner de ce charme, de cette beauté, qui portait à la fois la bienveillance et la plus profonde intelligence. Elle avait cette qualité princière d’inspirer confiance et rigueur à la fois.

Il est des êtres humains dont le monde se prive avec un petit peu plus d’amertume. Eva appartient incontestablement à ceux-ci. Restera le souvenir de son sourire, de son talent et de sa souveraine bienveillance. Il semble inadmissible qu’ils ne soient déjà plus de ce monde.”